L’Uriopss a co-organisé avec le CREAI Ile-de-France une journée d’étude consacrée à la « reconnaissance du pouvoir d’agir des personnes accompagnées : du principe aux pratiques » le 30 novembre 2018. Les intervenants et les participants universitaires, professionnels, personnes accompagnées, ont questionné les concepts d’agentivité, d’empowerment, de capacitation, de pouvoir d’agir ainsi que leur réalités dans les secteurs social, médico-social et sanitaire.
L’émergence de cette exigence a été reliée à l’évolution sociétale tendant vers une symétrisation, c’est à dire la recherche de liens sociaux horizontaux. Les lois du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, et la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées s’inscrivent dans cette mouvance. Les différentes productions de la parole sont autant de « figures de l’usager » : la parole subjective lorsque la personne s’exprime pour elle-même, la parole représentée, la parole en interaction lorsqu’il y a confrontation entre deux types de parole. Ainsi, la prise en compte de la parole de l’usager se situe dans un rapport de force. Plutôt que de former les usagers à maîtriser les codes de la représentation, il s’agirait de travailler sur l’environnement de la personne, de rendre audible l’inaudible en déshabituant notre manière d’entendre, de parler avec la personne plutôt que de parler pour elle.
Les rapport de force cachés ont été déconstruits, qu’ils marquent le mode de conception comme l’utilisation des outils qui visent justement à rendre effectif le principe du pouvoir d’agir. A l’inverse, le design social intègre toutes les parties prenantes à chaque étape de l’immersion, de l’idéation collective, du prototypage, du test et de la mise en œuvre itérative. Même si la commande est institutionnelle, cette approche amène à des remises en cause parce qu’elle part des usages et des besoins plutôt que des expertises et des savoirs.
Trois prérequis ont été identifiés : la reconnaissance a priori, la confiance, la coresponsabilité. La capacité à exercer son pouvoir d’agir n’a pas à être prouvée, ni gagée. L’empowerment est une source de motivation et de valorisation, il est générateur d’utilité sociale. L’accompagnement à l’autodétermination n’est pas faire à la place de, mais être en étayage lorsque la personne en a besoin pour exercer son pouvoir d’agir. L’autodétermination au pouvoir d’agir commence par l’autogestion, lorsque la personne choisit et décide pour elle-même.
La journée s’est conclue sur une invitation forte : changer le monde, et pas seulement les établissements et services !