Retour sur la journée d'étude « les territoires franciliens, incubateurs de santé mentale ? » du 27 février 2020

Uriopss Ile-de-France

L'Uriopss Île-de-France a organisé le 27 février dernier une journée d'étude sur « les territoires franciliens, incubateurs de santé mentale ? » qui a réuni près de cinquante personnes.
La santé mentale est un enjeu majeur de santé publique : une personne sur quatre est touchée par des troubles psychiques en Europe selon l’Organisation mondiale de la Santé et un français sur trois souffrira de troubles mentaux au cours de sa vie. Ces constats prennent une acuité particulière sur le territoire francilien qui concentre d’importants facteurs de dégradation potentielle de la santé mentale et une disparité très importante de l’offre entre ses départements.
Laurie Fradin, conseillère technique ESMS/Santé à l'Uniopss, a introduit la journée par une présentation du plaidoyer inter-associatif sur la santé mentale. Elle insiste sur les populations vulnérables aux problématiques de santé mentale (enfants et jeunes, les personnes sous mains de justice, les personnes en situation de précarité et en situation de migration).
Face aux inégalités dans l’offre de soins, l’Uniopss propose de tisser un maillage territorial de soin et d’accompagnement, de renforcer les coopérations entre l’offre sanitaire, sociale et médico-sociale, cela en s’appuyant sur les projets territoriaux de santé mentale et sur les conseils locaux en santé mentale. Elle propose également d’associer les usagers dans la mise en œuvre de leur parcours de santé, de renforcer la place des aidants familiaux, d’avoir des services de jour dédiés aux adolescents, de réduire les incarcérations des personnes ayant des troubles psychiatriques, et de favoriser les droits et l’accès aux soin pour les personnes en situation de précarité et de migration.
Madame Broutin Piolot, représentante de l’UNAFAM (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) précise que les problèmes de santé mentale ne sont plus seulement des problèmes spécialisés de psychiatrie et de psychologie clinique et les moyens de traitement ne sont plus seulement les moyens de se soigner : ils imprègnent toute la vie sociale. Il s’agit désormais d’organiser un parcours de vie visant le rétablissement et l’autonomisation, coordonné entre différents acteurs par le maniement de plusieurs outils institutionnels, de pilotage, d’organisation de l’offre et de planification, pour mailler finement le territoire. 
La représente de l’ARS IDF Pilar Acella Giraux synthétise le schéma régional de santé, pour la partie santé mentale 2018-2022 dont l’un des objectifs est de réduire l’impact des troubles psychiques avec des prises en charge de prévention, de dépistage, de suivi de parcours de soins et d’accompagnement.
Jean-François Havreng relate les priorités du projet territorial de santé mentale des Hauts-de-Seine en insistant sur les points d’amélioration à venir : repérage précoce des troubles psychiques, parcours de santé sans rupture, accès aux soins somatiques, prévention et prise en charge des situations de crise et d’urgence, respect et promotion des droits des personnes, action sur les déterminants sociaux, environnementaux et territoriaux.
Dans son intervention sur le consentement aux soins, Paul-Loup Weil Dubuc de l’Espace éthique de la Région Ile-de-France rappelle que le consentement protège la personne contre l’arbitraire des décisions qui pourraient être prises pour elle. Mais le consentement reste un acte plus ou moins contraint : la personne consentante choisit parmi des options choisies par d’autres. Est-on libre de consentir lorsque l’on est profondément stigmatisé, méprisé ou exclu ?
Corinne Daver du Cabinet FIDAL rappelle que toute personne est un « sujet de droit », avant de préciser quels sont les outils assurant le respect des droits (directives anticipées, personne de confiance, mandat de protection future, habilitation familiale) et également les outils juridiques au service de la protection des personnes (tutelle, curatelle, sauvegarde de justice).
Dans le cadre de la capacitation des personnes accompagnées : présentation de différentes associations du territoire francilien. Leur objectif est de participer à l’inclusion des personnes accompagnées, de mettre en œuvre le rétablissement psychosocial, l’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie. 

Alors que les projets territoriaux de santé mentale devront être mis en œuvre au plus tard le 28 janvier 2020, cette journée d’étude a été un moment de partage des réalités et des initiatives pour une politique de santé mentale articulant les acteurs autour de parcours de vie visant le rétablissement et l’inclusion sociale.